Le matin, je suis réveillé par la radio locale,
vers 8 heures. Comme je suis juste au-dessus de la cuisine dans une pièce
á laquelle on accède
par une échelle de meunier, j’entends bien. Généralement, je suis déjá réveillé.
Bien que je n’aie pas d’ínsomnie ici, je me réveille assez tôt et je lis généralement
le matin. J’entends Beto qui refait le feu. C’est la première
tache de la journée, et la cheminée restera allumée jusqu’au soir.
Ici, on n’économise
pas le bois*. Tant qu’on est dans la cuisine, ce sont de grandes flambées de
grosses bûches. Pour allumer, il s’emmerde pas, il fout une giclée d’alcool
liquide. Lui, il va prendre son maté (le breuvage préféré des argentins, une
infusion assez amère
d’herbes cultivées dans le nord du pays). Et une cigarette. Avec ça,
il va tenir le coup jusqu’á une ou deux heures.
Moi, je me fais un café, excellent, grâce á un filtre en tissu fait
maison, posé au-dessus d‘une vieille cafetière de grand-mère.
Je fais griller du pain á la cheminée. Les confitures sont de la ferme, ou du voisinage. On prend le
temps. On discute des infos, du temps prévu (par la radio), on se demande
ce qu’on va pouvoir faire.
J’ai fini de ramasser les noix, ça
m’a pris 2 semaines. J’ai fait des sessions de 2 heures, 2 h30 á chaque fois.
Une fois par jour, sans que ce soit obligatoire. Ils ne sont pas esclavagistes,
ils me disent d’y aller molo et de faire des pauses. Le plus chiant, c’est pas
les noix á ramasser, c’est les feuilles á écarter avec le grand rateau.
D’une façon générale, je suis
libre de faire ce que je veux, et généralement, je demande á Beto s’il a besoin
d’aide. Dans ce cas, je vais avec lui. Sinon, je m’occupe aux noix, aux pommes
ou au bois. On a ramassé les pommes tombées, qui ne sont bonnes que pour la
chicha (le jus de fruit), on en a refait la semaine passée avec l’aide de Souléma,
une voisine qui vient seulement de faire connaissance avec Beto et Roque. C’est
une alternative assez représentative des populations de jeunes installées dans
la campagne autour de Bolson, et qui fuient la vie urbaine, industrielle,
productiviste, commerciale, le travail á heures fixes… mais j’en reparlerai,
dans un article sur leur mode de vie dans leur yourte, que j’ai visitée pas
plus tard qu’aujourd’hui. Elle vient
donner des coups de main et remporte des produits de la ferme en échange. Ils sont á fond pour le troc. Dans la matinée,
Roque le grand-père
vient aider á la ferme lui aussi. L’autre jour, avec Beto, ils sont montés sur
le toit du “galpon”, le hangar-garage-atelier-grenier pour y fixer une bache
plastique qui couvre la toiture. La tôle ondulée goudronnée était complètement
pourríe et laissait passer l’eau. On a aussi rentré le bois á l’abri du galpon.
Moi je fais une pause vers 11 heures ou midi
parce qu’on mange rarement avant 13h30 ou 14h00. Sinon, je fais une apoplexie,
mais pas souvent heureusement, d’autant que je sais pas ce que ça
veut dire, et que j‘ai peur que ce soit grave.
Souvent c’est Roque qui cuisine. On est venus á
bout du mouton de la première semaine. Rien ne s’est perdu. La peau a été
tendue sur une planche, traitée avec du sel, séchée, et emportée par une amie
venue aider au jardin.
Le galpon vu de la route
L’après-midi, on ne s’énerve
pas, d’autant qu’il est déjá bien entamé. Les amis et voisins passent. C’est
rare qu’ils refusent le maté. Il y a un voisín sympa, un autre Alberto que
Beto, mais je ne suis pas encore allé chez lui. L’autre jour, il s’est pointé
avec une chouette revue écolo locale “Alternatura” oú il est même question de décroissance.
Des filles, revenues il y a peu de Buenos Aires, sans regret apparemment, et
des femmes qui travaillent dans le coin, en particulier des instits de l’école
voisine oú sont les enfants de Beto.
Pour m’occuper les jours de pluie, j’ai proposé
un coup de main pour rafraîchir la salle de bains qui en avait besoin. J’ai
bouché les fissures qui dataient de la dernière éruption du volcan
le plus proche de Bariloche (c’est quand même á 130 km…) Gratté et repeint le
plafond, nettoyé et reverni une étagère.
Le soir, on se fait una cena tardive, on
discute ou on regarde la télé. Mais bon, on n’a pas forcément les mêmes goûts
avec Beto. Je ne raffole pas des séries américaines en langue espagnole. Il
dispose d’un abonnement satellite avec des tas
de chaînes et parfois, quand je peux choisir le programme, je tombe sur
des films en espagnol, sous-titrés (parfois en espagnol, ce qui est parfait
pour moi) ou en V.O. anglaise, sous titrés en espagnol.
Quand on raccompagne les mômes chez leur mère,
on passe généralement par chez la maman de Beto, ou chez sa soeur avec tous ses
gosses, le temps de partager un maté et se donner les nouvelles, en jetant un
oeil á la télé omniprésente, souvent du foot.
Parfois, j’écris un article ou je sélectionne
des photos pour ce blog. L’absence d’internet est une expérience. J’arrive á m’en
passer sans problème.
Je n’ai aucune envie de rencontrer des français
ici. On m’a dit qu’il y en avait, il y aurait même une asso culturelle française
á Bolson.
Ce soir, la lune luit, le ciel est clair et
limpide et Beto prévoit du beau temps demain. On va pouvoír ramasser les pommes
qui sont encore sur les arbres. Les pommes á croquer si délicieuses. Mais quand ce sera fini, je me demande bien
ce que je pourrai faire. J’irai me promener. Il y a encore des balades que je n’ai
pas faites en partant d’ici.
Mine de rien, je suis déjá á la moitié du séjour,
el tiempo pasa volando…
Pour le fourneau, il faut du petit bois...
* Curieusement, alors que couper le bois et le
stocker demandent des efforts comme partout dans le monde, ici on n’a
absolument pas le souci de l’économiser, ni d’ailleurs de conserver la chaleur á
l’intérieur de la maison. Ce n’est pas un souci lors de la construction des
maisons, (les matériaux ne sont pas choisis pour leurs qualités isolantes, le
double vitrage existe dans le commerce mais trop cher, il n‘est pratiquement
pas utilisé) et au quotidien, personne ne pense á fermer la porte en entrant
dans la maison...
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