Puis après avoir quitté mon ami
á la gare des bus de Salta, je repris le chemin du centre ville pour discuter
avec des collégues grévistes. Ils occupaient la place centrale de la ville
(Salta est une grande ville de 550 000 habitants, capitale de la provine de
Salta) et faisaient grève depuís un mois pour les plus persévérants. Il faut savoir que leurs salaires sont
ridicules (entre 1800 et 4500 pesos mensuels, au cours officiel, diviser par
dix pour avoir le compte en euros), ce qui explique facilement qu’ils aient
refusé une augmentation de 40 % proposée par le gouverneur de la province… 40%,
c’est seulement le rattrapage de l’inflation annuelle, donc ils exigeaient plus
pour une vraie réévaluation des salaires (voir l‘article de Jessica sur son blog,
cité plus haut, c‘est á dire plus bas…) J’ai rapidement pu discuter avec des
groupes présents sur le campement et été invité á partager la soupe collective.
Je suis resté un long moment avec Miriam Caceres, une enseignante en filière
technique, qui m’a raconté le degré de démobilisation des élèves,
les problèmes
d’absentéisme, de traffics en tous genres, bref un quotidien pas facile. Ils n’étaient
pas très
nombreux sur place, l’essentiel des collègues étant en A.G.
pour décider de la suite du mouvement (ils m‘ont parlé de 2000 personnes en réunion…
Pas très
étonnant, vu le monde qu’il y avaít dans la rue l’après-midi). Ce
jour-lá, ils ont décidé de poursuivre le mouvement. J’ai eu des nouvelles récemment,
par les noticias télévisées, le jour de la fin de la grève et de l’occupation
de la place, il y a deux semaines environ, puis par Miriam qui m’a envoyé un
mail me disant que le mouvement était bien suspendu mais que les négociations
salariales continuaient. *
Et pendant le même temps, au même endroit
paraissait un autre défilé, pour dénoncer l’impunité des responsables de
disparitions de jeunes femmes essentiellement. Salta a cette sale réputation,
un peu comme Ciudad Juarez au mexique (ville á la frontière des US oú
des dizaines de jeunes femmes, employées dans les ateliers de confection de la
ville, disparaissent avec semble t-il la complicité des autorités locales…). C’est
ici que deux jeunes touristes françaises ont été tuées il y a deux ans, et la
cause de leur mort reste un mystère… De fait, les actualités nationales
evoquent régulièrement
les disparitions et les procès de Salta.
Après ça,
elle a bien voulu me mener chez un coiffeur de son quartier, je voulais faire l’expérience,
et j’en fus bien aise.
Auparavant, dans l’après-midi, j’avais
visité le musée d’archéologie d’altitude, qui donne lui aussi sur la place
centrale et qui est tout entier dédié á une découverte exceptionnelle, faite en
1999, au sommet du volcan Llullaillaco ( C‘est quand même á plus de 200 kilomètres
de Salta) á plus de 6000 mètres d’altitude. Trois enfants, morts il y a
500 ans environ, ont été exhumés, dans un état de conservation incroyable. Les
Incas pensaient que ces humains pourraient rejoindre les monde des dieux. Ils étaient
sacrifiés, mais a priori, c’était un honneur pour eux d´être choisis pour cette
mission. C’étaient d’ailleurs des
enfants de la noblesse.
Photos de photos, pas terribles, et en plus, j'ai pas demandé l'autorisation à leur auteur... Je suis vilain.
Le musée expose tout le matériel retrouvé auprès
des corps, mais explique aussi tout le contexte. C’est une visiste passionnante
et marquante. Il n’y a qu’une “momie” exposée á chaque fois par le musée. Un
petit garçon
de 7 ans, une petite fille “foudroyée” (son corps enterré a subi la foudre á un
moment donné, pendant les 500 ans d’attente) ou une ado de 15 ans. Les objets
qui les accompagnaient sont remarquables, il y a des statuettes en or, des vêtements,
des tissus très
fins aux motifs traditionnels incas.…
Ce ne sont pas les seuls enfants sacrifiés par
les Incas. Il s’en est retrouvé d’autres, toujours en haute altitude, á d‘autres
endroit de la Cordillière, dans la zone controlée par Cuzco (pas le
commandant, la capitale inca…)
* A propos de l’actualité revendicative locale,
on a aussi vu des reportages sur la grande manif estudiante de Santiago du
Chili, il y a une dizaine de jours. Ils n‘ont pas lésiné, avec des coctails
molotovs, il y a eu des blessés parmi les CRS chiliens et des arrestations bien
sûr. Il s’agissait de rappeler la Présidente Bachelet á ses promesses de
campagne concernant la gratuité du service public d’éducation… On vient d’en
entendre reparler, la présidente annonce un plan pour l’éducation, mais je n’ai
pas capté le contenu précis.
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