samedi 3 mai 2014

Il s’appelle Alberto Riza,



C’est un nom albanais, car son grand-père a émigré á 17 ans en 1927. C’était la famine et il avaít entendu dire qu’on demandait de la main d’oeuvre en Argentine. Arrivé á Buenos Aires, on l’a dirigé vers la Patagonie, oú il  y avait du travail. Il a bossé dans les chemins de fer, et a épousé une femme mapuche. Plus tard, il a acheté du terrain et est devenu un des plus importants producteurs de houblon de la région.
Il eut deux enfants, un garçon et une fille. Son fils, Roque, vit encore sur  la ferme modeste qu’il acheta un jour  dans les environs de El Bolson. Il y est retraíté mais donne des coups de main á son propre fils, Alberto donc, (Beto au quotidien), qui a pris la relève.
C’est á Beto que je me suis adressé pour  savoir si je pouvais venir faire un séjour dans sa “chacra” (sa ferme), reprenant l’idée de Fanny et Guillaume, un couple de français rencontrés á El Chalten, ceux qui suivent ce blog auront fait le lien.
C’est du whoofing. Système d’échange entre des voyageurs  étrangers et un fermier (en principe de production “bio”), qui suppose quelques heures de travail quotidien de la part de l’invité contre le gîte et le couvert.
Le plus souvent, le whoofing concerne des fermes assez grandes qui peuvent accueillir des équipes importantes de travailleurs occasionnels et le systeme fonctionne generalement á la semaine… Ici, on est dans le familial, sur une toute petite exploitation et Beto ne peut prendre que une, ou deux personnes s’il s’agit d’un couple. Beto a aussi une exigence, c’est que les travailleurs ne restent pas une semaine, mais plutôt un mois… Il n’a pas envie de s’emmerder á répéter les mêmes trucs toutes les semaines.
Je tenais á tenter l’expérience pour plusieurs raisons. Cela permet de vivre au quotidien avec une famille argentine (le tourisme en continu a ses limites…), de faire quelques progrès en espagnol (depuís que j’y suis, ça pulse, mais c’est normal, personne ici ne parle ni français ni anglais…), et quelques économies bienvenues pour un mochilero fauché (un peu moins depuís que la Poste l’a remboursé -intégralement- de la fraude á la carte bleue…) mais bon, ça permet de survivre á moíndre coût.
Je me doutais que ce serait rude, rapport au climat. On est en Patagonie, et l’híver approche… Le lieu est vraiment magnifique. Le matin, avant que le soleil ne réchauffe les prairies givrées á blanc, on aperçoit les sommets de la cordillière (on est á un jet de pierre du Chili) couverts de neige tout dorés du soleil levant. Chaque matin, c’est le premier matin du monde, si je puis dire lyriquement, mais je puis, puisque personne ne conteste. Je savais que les maisons ne sont pas excessivement chauffées et les doubles vitrages quasi inconnus dans le pays… Disons que le matin, ce n’est pas le meilleur moment pour prendre une douche. La salle de bains n’est pas chauffée et ouverte sur l’extérieur.
La première chose que fait Beto en se levant, c’est de rallumer le feu. Bonne idée, mais la maison ne se réchauffera que vers onze heures, avec le soleil levé pour de bon. Le premier matin, j’ai ramassé des tonnes de noix. J’aime bien cueillir, bonne pioche. Pendant ce temps, Beto et son père tuaient un mouton. Y’avait plus rien dans le frigo, fallait faire quelque chose.  Désolé pour les végans, la viande est vraiment délicieuse. Bon, puis l’après-midi, des gens sont venus. Pas prévus, mais bienvenus.  On a fait du jus de pomme (le matin, on avaít aussi ramassé les dernières pommes tombées au sol). Beto a fait lui-même sa presse, son hachoir á pommes, enfin tout quoi. Il n’est pas aux normes du MERCOSUR (= européennes), il n’essaie pas de vendre légalement, il le fait aux amis et connaissances. Le jus est un délice. J’ai découvert le plaisir de manger des pommes ici.
Parmi les gens de passage, des qui sont restés pour donner un coup de main (ils ont emporté une bouteille en  partant), des qui ont juste bu un coup et rigolé un autre.
Ce matin, j’ai ramassé des tonnes de noix. Je suis loin d’avoir fini, la ferme n’est pas grande, mais les noyers donnent bien… On fait des sacs qui seront vendus. Dans les magasins, les cerneaux se vendent au même prix qu’en France. Pour les salaires locaux, autant dire que c’est un produit de luxe. Les trois enfants de Beto sont arrivés. Il les a trois après-midis par semaine. Superbes gamins, mignons comme tout (deux fillettes et leur grand frère) et bien élevés dans des normes que j’approuve. Plus deux fillettes d’une connaissance qui  était déjá lá hier et qui revient pour donner un autre coup de main, accompagnée cette fois. Un bonne tablée le midi.
Cet après-midi, on a ramassé  des feuilles mortes, pour les emmener avec le tracteur dans une charretée joyeuse pleine de gosses exubérants dans un autre coin de la propriété.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais ici, y’a pas d’internet. Je tape ce texte sur le portable de Beto, je le copie sur une clé pis après, c’est simple, y’a plus qu’á aller (en stop ?) jusqu’á El Bolson (7km) pour trouver un cyber et poster…
Vous pensez que je vais tenir combien de temps dans ce souk ?


























La maison de Beto. Le grand pere habite plus loin, sur le meme terrain, mais pres de la riviere


 























 Beto et son papa Roque













































C'est le broyeur de pommes. On obtient de la puree, qu'on met dans le pressoir ensuite.

























Le pressoir (fait maison) Fonctionne avec un cric. A gauche, une amie de passage.



















Le gouter : des pommes au four. A gauche : l'aine, Roque et sa petite soeur Valentina. A droite, deux fillettes de passage.



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